Au pied d'Oletta, caché derrière de grands eucalyptus au bord de l'ancien chemin qui monte vers le village, le couvent St François reste seul abandonné à méditer sur son passé. L'édifice actuel daté de 1390 a remplacé celui qui se trouvait au moyen âge. C'est un des plus anciens couvents du Nebbiu classé 3eme de l'île au chapitre de Narbonne en 1260. Le nombre de frères n'a jamais été très important. Composé de vingt-cinq cellules, il abritait 18 frères dont 3 prêtres et quelques clercs. St François a suivi les

aléas de l'histoire du Nebbiu. Déjà au XVeme siècle les chroniques racontent que le prêtre célébrait l'office avec deux pistolets sur l'hôtel pour tempérer les fidèles. L'heure de gloire viendra au moment de la lutte pour l'indépendance. Déjà les frères parcouraient la campagne à cheval pour rameuter les foules à la cause nationale. Plusieurs consultes eurent lieu au couvent, 7 septembre 1745, 6 mai 1747, 1er août 1750, 23 mai 1753. Enfin en 1758 Paoli

profitant de l'érudition des moines, crée au couvent une imprimerie nationale la "Stamperia della verita". Seront imprimés là, des thèses philosophiques et théologiques, des pamphlets, des notes historiques. Là aussi sera imprimé l'ouvrage de l'abbé Salvini intitulé "Giustificazione della revoluzione di Corsica". A partir de 1764 la gazette (journal) officielle sera publiée au couvent d'Oletta. En 1768 les français s'empare d'Oletta, les moines après avoir tenté de résister sont obligés d'abandonner leur couvent. Il sera en mai 1769 le quartier général des Français au début de l'attaque contre le Nebbiu qui finira le 8 par la défaite des Corses à Ponte Nuovu. A partir de là peu à peu le couvent s'endort. Il devient séminaire de l'évêché du Nebbiu de 1789 à la fin du Diocèse. Il sera par la suite définitivement abandonné, et commencera à tomber en ruine. Il garde néanmoins un charme indéniable, et si vous avez l'occasion de vous arrêter sur le grand parking qui se trouve devant, prenez le petit chemin qui remonte vers Oletta à travers les anciens jardins, vous y découvrirez de fraîches sources, et pour peu que vous vous laissiez aller à l'ombre d'un chêne vert, en fermant les yeux peut-être résonneront à vos oreilles les bruits des guerres passées.